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Mercredi 16 octobre 2024 – Journée de la laïcité et de la tolérance, paroles d’étudiants

Mercredi 16 octobre 2024 – Journée de la laïcité et de la tolérance, paroles d’étudiants

Inauguration de l'amphithéâtre Samuel Paty – INSPE de Dijon

Mesdames, Messieurs, chers collègues et étudiants, 

Je m'appelle Zinedine Merati, étudiant en 2ème année de master meef en 1er degré, ce qui veut dire que je ferais parti dans un futur proche de l'enseignement, et je prends aujourd'hui la parole avec une profonde émotion, à l'occasion de cette journée de la laïcité, en hommage à Samuel Paty et à tous les professeurs victimes du terrorisme dans l'exercice de leur noble mission. 

Je souhaite, à travers ces quelques mots, rendre hommage non seulement à Samuel Paty, mais à l'ensemble des enseignants qui, jour après jour, s'engagent à transmettre des savoirs, à encourager la réflexion critique et à éveiller nos consciences. Le 16 octobre 2020, Samuel Paty est devenu le symbole de la liberté d'expression et du courage de ceux qui défendent les valeurs de notre République, souvent au prix de leur sécurité. 

La laïcité est l'un des fondements de notre société. Elle permet à chacun de vivre ses croyances ou ses convictions en toute liberté, tout en garantissant la neutralité de l'État et des institutions publiques. C'est grâce à elle que nous pouvons apprendre, grandir, et débattre dans un cadre respectueux, loin des divisions et des discriminations. Elle n'est pas seulement une idée abstraite, mais une pratique quotidienne qui protège nos libertés individuelles tout en favorisant le vivre-ensemble. 

Aujourd'hui, alors que nous rendons hommage à Samuel Paty, nous devons nous rappeler que la laïcité est aussi un bouclier contre l'obscurantisme, l'intolérance, et les violences qui cherchent à diviser. Elle est la promesse d'un avenir où chacun peut s'exprimer, penser librement, et vivre en paix avec les autres. 

Les enseignants ne se contentent pas de nous apprendre des matières académiques. Ils nous transmettent des valeurs, ils nous forment à devenir des citoyens éclairés, capables de discernement et de respect mutuel. Ils nous poussent à penser par nous-mêmes, à questionner, à comprendre le monde autour de nous. 

En rendant hommage à Samuel Paty, nous honorons la mission de tous les professeurs : celle d'éduquer dans la liberté et la dignité. C'est un devoir essentiel que nous devons défendre, car chaque enseignant porte, avec lui, une part de l’avenir de notre société. 

En ce jour de la laïcité, je souhaite conclure par un message de paix. Si Samuel Paty nous rappelle combien il est crucial de défendre la liberté d’expression, il nous rappelle aussi l'importance de la paix et du respect mutuel. 

Aujourd'hui, en pensant à Samuel Paty et aux professeurs victimes du terrorisme, je veux aussi avoir une pensée pour tous les peuples opprimés dans le monde, victimes d'injustices, de violences, de dictatures. Que ce soit par la guerre, la discrimination, ou la répression, nombreux sont ceux qui souffrent en silence. 

Je forme le vœu que nous soyons tous les défenseurs de la paix et de la justice, ici et ailleurs. Que la lumière de la liberté et de la tolérance brille pour chaque être humain, quelle que soit sa foi, son origine ou ses convictions. Que nous continuions à lutter pour un monde où les droits de chacun sont respectés et où personne n’est réduit au silence par la violence. 

Ensemble, engageons-nous pour la liberté, la laïcité, et la paix.

Je vous remercie

Mesdames et messieurs, nous vous remercions d’être présents avec nous en cette fin de matinée du mercredi 16 octobre 2024, dans cet amphithéâtre qui arborera désormais un nom que nous n’oublierons jamais. Vous allez écouter notre hommage, composé des écrits de chacun d’entre nous, futurs professeurs d’Histoire-Géographie et d’Enseignement Moral et Civique, étudiants en Master à l’INSPE de Dijon. Il n’a pas toujours été facile de mettre des mots sur ce que nous ressentons, mais nous allons tenter d’être le plus sincère possible. Vous entendrez à tour de rôle des étudiants qui ont écrit pour vous aujourd'hui. Cette prise de parole sera composée de 3 parties : d’abord vous entendrez quelques réflexions sur ce qu’est le métier de professeur d’Histoire-Géographie/EMC. Ensuite vous écouterez quelques témoignages de plusieurs d’entre nous qui vous feront part de ce qui leur tenait à cœur. Enfin, vous aurez le droit à une ouverture sur les perspectives de notre société et sur celles du métier de professeur qu’on espère tous radieux dans les années à venir.
Premièrement, je vous prie tous de bien vouloir écouter le texte de Candice, Jordan et Chloé, qui sera lu par cette dernière.

Samuel Paty. Ce nom, personne dans cette salle n'aurait dû le connaître. Personne en France, si ce n'est sa famille, ses proches, ses collègues et ses élèves. Et pourtant son nom, au même titre que celui de Dominique Bernard et d'Agnès Lasalle, nous le connaissons tous.
Professeur d'histoire, professeur de géographie, enseignant la Révolution française et la naissance de la République, enseignant l'ouverture au monde et aux autres. Un métier en apparence ordinaire et pourtant si important.
Enseigner cette discipline, ce n'est pas seulement offrir aux élèves des éléments de culture générale mais c'est leur donner des clés pour vivre dans notre société, leur permettre de s'épanouir en tant que futur citoyen et citoyenne.
Enseigner l'histoire géographie, enseigner l’enseignement moral et civique, c'est enseigner l'égalité, la liberté et la fraternité. C'est défendre les valeurs de notre pays qui sont aujourd'hui menacées. C'est défendre ces droits et ces libertés que nous croyons acquis, notamment la liberté d'expression tant attaquée ces dernières années. Cette liberté que Samuel Paty s'est attaché à transmettre à ses élèves et pour laquelle il est tombé.
Assassiné, victime d'un déchaînement de violences pour avoir simplement exercé son métier. Victime d'une rumeur, d'une société noyée dans les réseaux sociaux et qui ne prend plus le temps de s'informer, de vérifier.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ?
Comment peut-on arriver à un tel déchaînement de violences ? Un tel niveau de barbarie ?
Comment a-t-on pu franchir un tel seuil d'horreur ?
Comment continuer à enseigner sans se censurer ?
Comment sommes-nous arrivés à un tel échec collectif ? Involontaire certes, mais collectif
Comment l'Ecole que l'on jugeait intouchable s'est-elle retrouvée meurtrie? Comment reconstruire ce pilier de notre République ?
Car nous, futurs professeurs d'histoire géographie, nous en sommes convaincus, l'Ecole doit demeurer le seul rempart contre le terrorisme et contre le fanatisme.

Mesdames et messieurs, après le soulèvement de toutes ces questions, je vous prie de bien vouloir écouter plusieurs de nos témoignages en commençant par celui d’Elodie.

Lorsque des membres de notre famille, des voisins, des amis apprennent que nous étudions pour devenir professeur d’Histoire Géographie Enseignement Moral et Civique leurs réactions sont plutôt diverses, mais tous sont surpris.
De la part des voisins, des inconnus c’est l’admiration qui domine et ces mêmes paroles qu’ils prononcent « vous avez bien du courage de vouloir être professeur » ou bien « Vous n’avez pas peur ? ». Cela nous a particulièrement marqué car nous nous attendions à des remarques ressemblant plutôt à « C’est pour les vacances que vous voulez être professeur ? ». Nous avons, je pense, réellement pris conscience à ce moment-là de l’importance qu’a eu cet assassinat dans l’esprit des personnes et dans leur perception des enseignants et notamment ceux d’histoire-géographie.
De la part de nos familles cela est bien différent, c’est la peur qui domine. Ils ont peur pour nous, en nous imaginant à la place de Samuel Paty. Ils nous demandent à de nombreuses reprises « Es-tu bien sûr de vouloir être professeur ? ». Comme si nous allions changer d’avis.

La parole est maintenant à Yohan.

Quand l’assassinat contre Samuel Paty s’est produit, j’étais choqué, car une personne est morte et que pour la première fois en France, on s’attaque au métier de professeur.
Mais j’étais aussi passif… Passif, car nous sommes la génération qui a grandi avec les attentats, l’état d’urgence et les plans Vigipirate. Nous sommes la génération qui a connu dès l’école primaire les tueries de mars 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Je me souviens encore de mon institutrice qui a mobilisé une matinée de cours afin de nous expliquer, « c’est quoi un attentat ? » , « pourquoi des enfants juifs sont morts ? ». Nous avons conclu cette matinée par 1 minute de silence pour rendre hommage aux victimes, la première minute de silence que j’ai fait de ma vie. Nous sommes la génération qui a connu les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015. En étant en 5e mes camarades et moi, nous étions mieux armés pour comprendre la tragédie qui s’est produite, on s’attaque à la liberté d’expression et à des journalistes. Je me souviens encore des prises d’otages de l’Hyper Cacher et de l’imprimerie retransmise par les chaînes d’infos en continu. En voyant ça, je croyais regarder un film, mais c’était la réalité. Personnellement, c’est avec cet événement que je me suis intéressé à l’histoire afin de comprendre comment on en est arrivé là. Nous sommes la génération qui a connu le massacre macabre du Bataclan du 13 novembre 2015 avec un total de 131 victimes et plus de 400 blessés. Il y a eu également l’attentat à Nice, contre le père Hamel et le marché de Noël de Strasbourg. Nous sommes la génération qui a grandi avec les attentats. Aujourd’hui malgré ces évènements tragiques nous sommes la génération qui souhaite toujours être des profs d’histoire Géo et d’EMC.

Dorénavant, écoutons Gaëtan.

Pour certains, le 16 octobre 2020, le jour de l'assassinat de Samuel Paty, est un jour comme un autre ; pour d'autres ce jour les a marqué à vie, et pour moi, ce jour a été le catalyseur de mon changement de vie.
En effet, lorsque cette tragédie arriva, j'étais encore en école d'ingénieur agro-alimentaire. Mais, avec les événements liés au covid, je réfléchissais de plus en plus à me reconvertir et ce dans le domaine de l'éducation, j'ai toujours été passionné par l'histoire géographie et je voulais être utile à la société. Seulement, je ne m'étais pas encore lancé dans cette reconversion et je crois que cet événement fut un déclic pour moi.
Tout d'abord quand j'ai appris la nouvelle, j'étais sous le choc, dans l'incompréhension, je me disais comment une telle chose a pu arriver ? Je me suis senti aussi, inutile, dans le sens ou à la place où j'étais, je ne pouvais rien faire, or je voulais faire quelque chose, faire quelque chose pour apaiser ma souffrance mais aussi pour essayer de donner un sens à tout cela. Et c'est ainsi qu'après le choc et l'incompréhension, la colère a pris place, les valeurs de la République, nos valeurs ont été prises pour cible. Ce jour-là, un homme est tombé, ce jour-là, une vie a cessé parce qu'il représentait nos valeurs, ce jour-là mon combat a débuté. Ce combat, c'est le combat de tous les professeurs et de l'ensemble du personnel de l'éducation, la défense de nos valeurs, la liberté d'expression, la laïcité et la lutte contre l'obscurantisme et la propagation des rumeurs sur les réseaux sociaux qui progresse tous les jours.
Même si j'avais déjà l'envie de me réorienter vers le domaine de l'éducation, cet événement a mûri et accéléré ma réflexion sur mon envie de devenir professeur d'histoire géographie, il m'a donné un but et une motivation dans mon futur métier. Et c'est ainsi que 2 mois plus tard, j'étais inscrit dans la licence d'histoire de Dijon, et qu'aujourd'hui je me tiens ici avec mes collègues pour rendre hommage à Samuel Paty.
Je suis sûr que cette tragédie a pu, comme pour moi, donner un but et une motivation à d'autres pour intégrer le monde de l'enseignement, et c'est en cela que je suis sûr que son sacrifice n'est pas vain. C'est pour lui que nous devons continuer de défendre nos valeurs mais aussi continuer à lui rendre hommage comme nous le faisons aujourd'hui.

C’est désormais au tour d’Amna de parler devant vous.

Le 16 octobre 2020, est une veille de vacances scolaires, synonyme de « bonnes vacances Monsieur, bonnes vacances Mme, reposez-vous bien les élèves et revenez en pleine forme ». Mais avant de quitter l'établissement où je travaillais comme Assistante d'Éducation en parallèle de mes études en histoire, la principale nous convoqua. D’une voix tremblante, elle nous annonça avec une gravité palpable l'assassinat d'un collègue, professeur d'Histoire-Géographie et d’EMC.
À l’annonce de cette terrible nouvelle, je me suis retrouvée désemparée, incapable de savoir comment réagir face à une telle horreur.
L’assassinat de Samuel Paty a ébranlé ma vocation et mis en doute mon désir de devenir enseignante. Cet acte de violence m'a effrayée, il faut avoir le courage de l’admettre. Oui, j'ai eu peur. Peur de m'engager dans une voie où je pourrais, malheureusement peut-être moi aussi, être victime de cette violence insensée. Une violence qui n’a aucune place dans notre métier, un métier qui se doit de former des esprits éclairés et libres.
J’ai eu peur de ne pas être en mesure d'accomplir cette mission dans des conditions sereines. Peur d'être incomprise, d'exercer une profession où, pour beaucoup, le respect dû aux personnels de l’Éducation nationale semble se perdre.
À la fin de cette année scolaire, face à ces doutes grandissants, j'ai pris la décision de suspendre mes études, pour m'accorder le temps de la réflexion, et réexaminer mes projets professionnels.
Mais heureusement je suis bien entourée, avec des parents et des amis profondément convaincus de l'importance et du rôle essentiel des enseignants dans notre société.
En effet, devenir professeur d’histoire-géographie, c’est s’engager dans une mission qui dépasse la simple transmission du savoir : c’est contribuer à la formation de citoyens éclairés, autonomes et responsables, capables de comprendre les défis du présent et d’imaginer des solutions pour l'avenir. C'est un métier à la fois intellectuel et profondément éthique, qui exige de la passion, du dévouement, et une conviction forte en la valeur de l’éducation.
Ainsi, après une année d’introspection et avec les encouragements de mon entourage, j'ai décidé de transformer cette peur en une force, de la métamorphoser en courage. Un courage qui m’a redonné l’envie d’enseigner, de transmettre et d'accompagner nos élèves dans leur cheminement intellectuel et citoyen. Ce courage m'a conduite à m'inscrire en Master MEEF Histoire-Géographie, convaincue que cette formation me donnera les outils nécessaires pour affronter ces défis et surmonter mes appréhensions.
Car renoncer à cette vocation à cause de la peur aurait été, selon moi, une victoire de la violence sur l’éducation et nos institutions. Cela reviendrait à permettre à la haine et à l’intolérance de s’immiscer dans nos établissements. Or, il est de notre devoir, en tant qu’enseignants, mais aussi membres du personnel scolaire, de faire vivre les valeurs de respect, de tolérance et de liberté d’expression. Ces valeurs, nous les transmettons chaque jour à nos élèves, et il est essentiel de les défendre contre toute forme de violence ou d’intimidation.

Enfin, voici le dernier témoignage, celui de Manon.

Je rêve depuis 11 ans maintenant, de devenir professeur d’histoire géographie. Ce désir a commencé lorsque j’ai fait ma rentrée en 5ème. Une période où comprendre le passé et transmettre les connaissances s’est imposée comme une vocation. Une vocation que m’a transmise mon professeur.
Après l’assassinat de Samuel Paty, j’ai ressenti une immense solidarité envers les enseignants. Samuel Paty nous a rappelé à tous que ce métier demande bien plus que des compétences académiques. Il exige du courage. Du courage pour éveiller les consciences, pour questionner les évidences, pour encourager le débat d’idées. En choisissant d’enseigner l’histoire, la géographie ainsi que l’enseignement moral et civique, c’est ce même courage que je veux incarner. Nous futurs enseignants, nous ne devons pas reculer face à la peur.
Enfin, je pense aux élèves. Leur apprendre à décrypter le monde, à développer leur esprit critique est la meilleure réponse à apporter à cette violence insensée.

Nous aimerions maintenant terminer notre intervention en promouvant les principes et les valeurs qui nous sont tous très chers. Maël et Marianne vont dresser le portrait des professeurs que nous aimerions être.
Professeur, M. Paty, vous l’êtes et le serez toujours, même dans l’après. Et il est désormais de notre devoir de porter toujours avec nous les leçons que votre mort nous enseigne. A travers les témoignages de mes camarades, se reflètent les missions qui sont désormais les nôtres.
Nous ne devons jamais laisser s’installer, et banaliser cette violence, qui se fait plus présente et plus intense, ni celle qui nous vise, ni celle qui vise le reste des citoyens, de France et du monde. Face à cette violence qui n’a pas sa place, cette actualité parfois lourde, il nous faudra toujours faire au mieux pour répondre présent. Nous devrons trouver la force de trouver les mots une fois encore, et ne pas laisser l’effroi ou le désespoir nous mettre au tapis.
Il est désormais de notre responsabilité d’accompagner ceux qui nous entourent. Nous ne devrons pas attendre la mort d’un collègue pour sensibiliser à l’importance de la vie et de la paix, aux richesses que ce monde peut encore offrir. Nous ferons de notre mieux pour parler à l’âme de nos élèves sans que l’annonce d’un décès tragique n’aie précédé.
Jamais nous n’oublierons ces jours d’abattement, mais je souhaite qu’ils soient ceux de la naissance d’une infaillible motivation à créer un monde meilleur. Jamais nous n’oublierons les noms, ou bien la peur, mais que notre détermination envoie un message à nos proches inquiets, ou à ces barbares sanguinaires. Nous ne lâcherons rien.
Au sein de ces murs, et de cet amphithéâtre, nous nous formons à être les moteurs d’une société qui se veut enfin du bien, et j’espère que cet établissement verra arriver à l’avenir nombre d’étudiants animés de la même lueur que nous.
Quand la haine et la violence s’armeront de couteaux et de fusils, nous nous armerons de courage et de sagesse. Il nous faudra la dépasser, cette peur qui peut nous saisir, mais nous ferons en sorte d’être là. Faire de ce monde un lieu de paix et de justice prendra du temps, mais en pensant à vous, M. Paty, à vos collègues, à vos élèves, à nos élèves, à nos familles, et à ceux qui viendront après, c’est en pensant à eux tous que nous ferons en sorte d’être là.

Vous nous avez montré que l’éducation est un outil puissant pour combattre l’ignorance et la haine. En honorant votre mémoire, nous affirmons notre volonté de ne jamais céder face à l’obscurantisme. Nous devons nous engager à bâtir un avenir où chaque élève se sent en sécurité, respecté et capable de s'exprimer.
En vous honorant, Samuel Paty, nous faisons le choix de la lumière sur l'obscurité, de l'écoute sur le silence, et de l'amour sur la haine. Que notre solidarité soit la réponse à ceux qui veulent diviser, et que son exemple nous guide dans notre quête d'un avenir meilleur.

Nous terminerons par ces mots, brillants de justesse, traduits d’une chanson de U2 qui était si chère à M. Samuel Paty.

Dans la lumière,
Nous ne faisons qu’un,
Mais nous sommes tous différents,
Nous devons nous soutenir,
Nous soutenir.

Ce lieu est pour nous symbolique. Il représente le premier lieu de rencontre et d’échange entre nous, étudiants en Master MEEF. Il symbolise l’union et la coordination entre de futurs enseignants, et plus généralement des membres de l’Education Nationale. Dans cet amphithéâtre, toutes les disciplines, enseignants et CPE, se réunissent pour recevoir des cours en commun, nous préparant à notre mission commune : transmettre aux élèves. Parmi ces transmissions, on retrouve la laïcité, pour laquelle Samuel Paty a tout donné. Nous sommes donc honorés aujourd’hui de renommer cet espace en son nom : l'amphithéâtre Samuel Paty.

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Inauguration de l'amphithéâtre Samuel Paty - INSPE de Dijon

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Mesdames, Messieurs, chers collègues et étudiants, 

Je m'appelle Zinedine Merati, étudiant en 2ème année de master meef en 1er degré, ce qui veut dire que je ferais parti dans un futur proche de l'enseignement, et je prends aujourd'hui la parole avec une profonde émotion, à l'occasion de cette journée de la laïcité, en hommage à Samuel Paty et à tous les professeurs victimes du terrorisme dans l'exercice de leur noble mission. 

Je souhaite, à travers ces quelques mots, rendre hommage non seulement à Samuel Paty, mais à l'ensemble des enseignants qui, jour après jour, s'engagent à transmettre des savoirs, à encourager la réflexion critique et à éveiller nos consciences. Le 16 octobre 2020, Samuel Paty est devenu le symbole de la liberté d'expression et du courage de ceux qui défendent les valeurs de notre République, souvent au prix de leur sécurité. 

La laïcité est l'un des fondements de notre société. Elle permet à chacun de vivre ses croyances ou ses convictions en toute liberté, tout en garantissant la neutralité de l'État et des institutions publiques. C'est grâce à elle que nous pouvons apprendre, grandir, et débattre dans un cadre respectueux, loin des divisions et des discriminations. Elle n'est pas seulement une idée abstraite, mais une pratique quotidienne qui protège nos libertés individuelles tout en favorisant le vivre-ensemble. 

Aujourd'hui, alors que nous rendons hommage à Samuel Paty, nous devons nous rappeler que la laïcité est aussi un bouclier contre l'obscurantisme, l'intolérance, et les violences qui cherchent à diviser. Elle est la promesse d'un avenir où chacun peut s'exprimer, penser librement, et vivre en paix avec les autres. 

Les enseignants ne se contentent pas de nous apprendre des matières académiques. Ils nous transmettent des valeurs, ils nous forment à devenir des citoyens éclairés, capables de discernement et de respect mutuel. Ils nous poussent à penser par nous-mêmes, à questionner, à comprendre le monde autour de nous. 

En rendant hommage à Samuel Paty, nous honorons la mission de tous les professeurs : celle d'éduquer dans la liberté et la dignité. C'est un devoir essentiel que nous devons défendre, car chaque enseignant porte, avec lui, une part de l’avenir de notre société. 

En ce jour de la laïcité, je souhaite conclure par un message de paix. Si Samuel Paty nous rappelle combien il est crucial de défendre la liberté d’expression, il nous rappelle aussi l'importance de la paix et du respect mutuel. 

Aujourd'hui, en pensant à Samuel Paty et aux professeurs victimes du terrorisme, je veux aussi avoir une pensée pour tous les peuples opprimés dans le monde, victimes d'injustices, de violences, de dictatures. Que ce soit par la guerre, la discrimination, ou la répression, nombreux sont ceux qui souffrent en silence. 

Je forme le vœu que nous soyons tous les défenseurs de la paix et de la justice, ici et ailleurs. Que la lumière de la liberté et de la tolérance brille pour chaque être humain, quelle que soit sa foi, son origine ou ses convictions. Que nous continuions à lutter pour un monde où les droits de chacun sont respectés et où personne n’est réduit au silence par la violence. 

Ensemble, engageons-nous pour la liberté, la laïcité, et la paix.

Je vous remercie

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Mesdames et messieurs, nous vous remercions d’être présents avec nous en cette fin de matinée du mercredi 16 octobre 2024, dans cet amphithéâtre qui arborera désormais un nom que nous n’oublierons jamais. Vous allez écouter notre hommage, composé des écrits de chacun d’entre nous, futurs professeurs d’Histoire-Géographie et d’Enseignement Moral et Civique, étudiants en Master à l’INSPE de Dijon. Il n’a pas toujours été facile de mettre des mots sur ce que nous ressentons, mais nous allons tenter d’être le plus sincère possible. Vous entendrez à tour de rôle des étudiants qui ont écrit pour vous aujourd'hui. Cette prise de parole sera composée de 3 parties : d’abord vous entendrez quelques réflexions sur ce qu’est le métier de professeur d’Histoire-Géographie/EMC. Ensuite vous écouterez quelques témoignages de plusieurs d’entre nous qui vous feront part de ce qui leur tenait à cœur. Enfin, vous aurez le droit à une ouverture sur les perspectives de notre société et sur celles du métier de professeur qu’on espère tous radieux dans les années à venir.
Premièrement, je vous prie tous de bien vouloir écouter le texte de Candice, Jordan et Chloé, qui sera lu par cette dernière.
[textblock style="2"]Samuel Paty. Ce nom, personne dans cette salle n'aurait dû le connaître. Personne en France, si ce n'est sa famille, ses proches, ses collègues et ses élèves. Et pourtant son nom, au même titre que celui de Dominique Bernard et d'Agnès Lasalle, nous le connaissons tous.
Professeur d'histoire, professeur de géographie, enseignant la Révolution française et la naissance de la République, enseignant l'ouverture au monde et aux autres. Un métier en apparence ordinaire et pourtant si important.
Enseigner cette discipline, ce n'est pas seulement offrir aux élèves des éléments de culture générale mais c'est leur donner des clés pour vivre dans notre société, leur permettre de s'épanouir en tant que futur citoyen et citoyenne.
Enseigner l'histoire géographie, enseigner l’enseignement moral et civique, c'est enseigner l'égalité, la liberté et la fraternité. C'est défendre les valeurs de notre pays qui sont aujourd'hui menacées. C'est défendre ces droits et ces libertés que nous croyons acquis, notamment la liberté d'expression tant attaquée ces dernières années. Cette liberté que Samuel Paty s'est attaché à transmettre à ses élèves et pour laquelle il est tombé.
Assassiné, victime d'un déchaînement de violences pour avoir simplement exercé son métier. Victime d'une rumeur, d'une société noyée dans les réseaux sociaux et qui ne prend plus le temps de s'informer, de vérifier.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ?
Comment peut-on arriver à un tel déchaînement de violences ? Un tel niveau de barbarie ?
Comment a-t-on pu franchir un tel seuil d'horreur ?
Comment continuer à enseigner sans se censurer ?
Comment sommes-nous arrivés à un tel échec collectif ? Involontaire certes, mais collectif
Comment l'Ecole que l'on jugeait intouchable s'est-elle retrouvée meurtrie? Comment reconstruire ce pilier de notre République ?
Car nous, futurs professeurs d'histoire géographie, nous en sommes convaincus, l'Ecole doit demeurer le seul rempart contre le terrorisme et contre le fanatisme.

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Mesdames et messieurs, après le soulèvement de toutes ces questions, je vous prie de bien vouloir écouter plusieurs de nos témoignages en commençant par celui d’Elodie.

[textblock style="2"]Lorsque des membres de notre famille, des voisins, des amis apprennent que nous étudions pour devenir professeur d’Histoire Géographie Enseignement Moral et Civique leurs réactions sont plutôt diverses, mais tous sont surpris.
De la part des voisins, des inconnus c’est l’admiration qui domine et ces mêmes paroles qu’ils prononcent « vous avez bien du courage de vouloir être professeur » ou bien « Vous n’avez pas peur ? ». Cela nous a particulièrement marqué car nous nous attendions à des remarques ressemblant plutôt à « C’est pour les vacances que vous voulez être professeur ? ». Nous avons, je pense, réellement pris conscience à ce moment-là de l’importance qu’a eu cet assassinat dans l’esprit des personnes et dans leur perception des enseignants et notamment ceux d’histoire-géographie.
De la part de nos familles cela est bien différent, c’est la peur qui domine. Ils ont peur pour nous, en nous imaginant à la place de Samuel Paty. Ils nous demandent à de nombreuses reprises « Es-tu bien sûr de vouloir être professeur ? ». Comme si nous allions changer d’avis.[/textblock]

La parole est maintenant à Yohan.

[textblock style="2"]Quand l’assassinat contre Samuel Paty s’est produit, j’étais choqué, car une personne est morte et que pour la première fois en France, on s’attaque au métier de professeur.
Mais j’étais aussi passif… Passif, car nous sommes la génération qui a grandi avec les attentats, l’état d’urgence et les plans Vigipirate. Nous sommes la génération qui a connu dès l’école primaire les tueries de mars 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Je me souviens encore de mon institutrice qui a mobilisé une matinée de cours afin de nous expliquer, « c’est quoi un attentat ? » , « pourquoi des enfants juifs sont morts ? ». Nous avons conclu cette matinée par 1 minute de silence pour rendre hommage aux victimes, la première minute de silence que j’ai fait de ma vie. Nous sommes la génération qui a connu les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015. En étant en 5e mes camarades et moi, nous étions mieux armés pour comprendre la tragédie qui s’est produite, on s’attaque à la liberté d’expression et à des journalistes. Je me souviens encore des prises d’otages de l’Hyper Cacher et de l’imprimerie retransmise par les chaînes d’infos en continu. En voyant ça, je croyais regarder un film, mais c’était la réalité. Personnellement, c’est avec cet événement que je me suis intéressé à l’histoire afin de comprendre comment on en est arrivé là. Nous sommes la génération qui a connu le massacre macabre du Bataclan du 13 novembre 2015 avec un total de 131 victimes et plus de 400 blessés. Il y a eu également l’attentat à Nice, contre le père Hamel et le marché de Noël de Strasbourg. Nous sommes la génération qui a grandi avec les attentats. Aujourd’hui malgré ces évènements tragiques nous sommes la génération qui souhaite toujours être des profs d’histoire Géo et d’EMC.[/textblock]

Dorénavant, écoutons Gaëtan.

[textblock style="2"]Pour certains, le 16 octobre 2020, le jour de l'assassinat de Samuel Paty, est un jour comme un autre ; pour d'autres ce jour les a marqué à vie, et pour moi, ce jour a été le catalyseur de mon changement de vie.
En effet, lorsque cette tragédie arriva, j'étais encore en école d'ingénieur agro-alimentaire. Mais, avec les événements liés au covid, je réfléchissais de plus en plus à me reconvertir et ce dans le domaine de l'éducation, j'ai toujours été passionné par l'histoire géographie et je voulais être utile à la société. Seulement, je ne m'étais pas encore lancé dans cette reconversion et je crois que cet événement fut un déclic pour moi.
Tout d'abord quand j'ai appris la nouvelle, j'étais sous le choc, dans l'incompréhension, je me disais comment une telle chose a pu arriver ? Je me suis senti aussi, inutile, dans le sens ou à la place où j'étais, je ne pouvais rien faire, or je voulais faire quelque chose, faire quelque chose pour apaiser ma souffrance mais aussi pour essayer de donner un sens à tout cela. Et c'est ainsi qu'après le choc et l'incompréhension, la colère a pris place, les valeurs de la République, nos valeurs ont été prises pour cible. Ce jour-là, un homme est tombé, ce jour-là, une vie a cessé parce qu'il représentait nos valeurs, ce jour-là mon combat a débuté. Ce combat, c'est le combat de tous les professeurs et de l'ensemble du personnel de l'éducation, la défense de nos valeurs, la liberté d'expression, la laïcité et la lutte contre l'obscurantisme et la propagation des rumeurs sur les réseaux sociaux qui progresse tous les jours.
Même si j'avais déjà l'envie de me réorienter vers le domaine de l'éducation, cet événement a mûri et accéléré ma réflexion sur mon envie de devenir professeur d'histoire géographie, il m'a donné un but et une motivation dans mon futur métier. Et c'est ainsi que 2 mois plus tard, j'étais inscrit dans la licence d'histoire de Dijon, et qu'aujourd'hui je me tiens ici avec mes collègues pour rendre hommage à Samuel Paty.
Je suis sûr que cette tragédie a pu, comme pour moi, donner un but et une motivation à d'autres pour intégrer le monde de l'enseignement, et c'est en cela que je suis sûr que son sacrifice n'est pas vain. C'est pour lui que nous devons continuer de défendre nos valeurs mais aussi continuer à lui rendre hommage comme nous le faisons aujourd'hui.[/textblock]

C’est désormais au tour d’Amna de parler devant vous.

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Le 16 octobre 2020, est une veille de vacances scolaires, synonyme de « bonnes vacances Monsieur, bonnes vacances Mme, reposez-vous bien les élèves et revenez en pleine forme ». Mais avant de quitter l'établissement où je travaillais comme Assistante d'Éducation en parallèle de mes études en histoire, la principale nous convoqua. D’une voix tremblante, elle nous annonça avec une gravité palpable l'assassinat d'un collègue, professeur d'Histoire-Géographie et d’EMC.
À l’annonce de cette terrible nouvelle, je me suis retrouvée désemparée, incapable de savoir comment réagir face à une telle horreur.
L’assassinat de Samuel Paty a ébranlé ma vocation et mis en doute mon désir de devenir enseignante. Cet acte de violence m'a effrayée, il faut avoir le courage de l’admettre. Oui, j'ai eu peur. Peur de m'engager dans une voie où je pourrais, malheureusement peut-être moi aussi, être victime de cette violence insensée. Une violence qui n’a aucune place dans notre métier, un métier qui se doit de former des esprits éclairés et libres.
J’ai eu peur de ne pas être en mesure d'accomplir cette mission dans des conditions sereines. Peur d'être incomprise, d'exercer une profession où, pour beaucoup, le respect dû aux personnels de l’Éducation nationale semble se perdre.
À la fin de cette année scolaire, face à ces doutes grandissants, j'ai pris la décision de suspendre mes études, pour m'accorder le temps de la réflexion, et réexaminer mes projets professionnels.
Mais heureusement je suis bien entourée, avec des parents et des amis profondément convaincus de l'importance et du rôle essentiel des enseignants dans notre société.
En effet, devenir professeur d’histoire-géographie, c’est s’engager dans une mission qui dépasse la simple transmission du savoir : c’est contribuer à la formation de citoyens éclairés, autonomes et responsables, capables de comprendre les défis du présent et d’imaginer des solutions pour l'avenir. C'est un métier à la fois intellectuel et profondément éthique, qui exige de la passion, du dévouement, et une conviction forte en la valeur de l’éducation.
Ainsi, après une année d’introspection et avec les encouragements de mon entourage, j'ai décidé de transformer cette peur en une force, de la métamorphoser en courage. Un courage qui m’a redonné l’envie d’enseigner, de transmettre et d'accompagner nos élèves dans leur cheminement intellectuel et citoyen. Ce courage m'a conduite à m'inscrire en Master MEEF Histoire-Géographie, convaincue que cette formation me donnera les outils nécessaires pour affronter ces défis et surmonter mes appréhensions.
Car renoncer à cette vocation à cause de la peur aurait été, selon moi, une victoire de la violence sur l’éducation et nos institutions. Cela reviendrait à permettre à la haine et à l’intolérance de s’immiscer dans nos établissements. Or, il est de notre devoir, en tant qu’enseignants, mais aussi membres du personnel scolaire, de faire vivre les valeurs de respect, de tolérance et de liberté d’expression. Ces valeurs, nous les transmettons chaque jour à nos élèves, et il est essentiel de les défendre contre toute forme de violence ou d’intimidation.[/textblock]

Enfin, voici le dernier témoignage, celui de Manon.

[textblock style="2"]Je rêve depuis 11 ans maintenant, de devenir professeur d’histoire géographie. Ce désir a commencé lorsque j’ai fait ma rentrée en 5ème. Une période où comprendre le passé et transmettre les connaissances s’est imposée comme une vocation. Une vocation que m’a transmise mon professeur.
Après l’assassinat de Samuel Paty, j’ai ressenti une immense solidarité envers les enseignants. Samuel Paty nous a rappelé à tous que ce métier demande bien plus que des compétences académiques. Il exige du courage. Du courage pour éveiller les consciences, pour questionner les évidences, pour encourager le débat d’idées. En choisissant d’enseigner l’histoire, la géographie ainsi que l’enseignement moral et civique, c’est ce même courage que je veux incarner. Nous futurs enseignants, nous ne devons pas reculer face à la peur.
Enfin, je pense aux élèves. Leur apprendre à décrypter le monde, à développer leur esprit critique est la meilleure réponse à apporter à cette violence insensée.

Nous aimerions maintenant terminer notre intervention en promouvant les principes et les valeurs qui nous sont tous très chers. Maël et Marianne vont dresser le portrait des professeurs que nous aimerions être.
Professeur, M. Paty, vous l’êtes et le serez toujours, même dans l’après. Et il est désormais de notre devoir de porter toujours avec nous les leçons que votre mort nous enseigne. A travers les témoignages de mes camarades, se reflètent les missions qui sont désormais les nôtres.
Nous ne devons jamais laisser s’installer, et banaliser cette violence, qui se fait plus présente et plus intense, ni celle qui nous vise, ni celle qui vise le reste des citoyens, de France et du monde. Face à cette violence qui n’a pas sa place, cette actualité parfois lourde, il nous faudra toujours faire au mieux pour répondre présent. Nous devrons trouver la force de trouver les mots une fois encore, et ne pas laisser l’effroi ou le désespoir nous mettre au tapis.
Il est désormais de notre responsabilité d’accompagner ceux qui nous entourent. Nous ne devrons pas attendre la mort d’un collègue pour sensibiliser à l’importance de la vie et de la paix, aux richesses que ce monde peut encore offrir. Nous ferons de notre mieux pour parler à l’âme de nos élèves sans que l’annonce d’un décès tragique n’aie précédé.
Jamais nous n’oublierons ces jours d’abattement, mais je souhaite qu’ils soient ceux de la naissance d’une infaillible motivation à créer un monde meilleur. Jamais nous n’oublierons les noms, ou bien la peur, mais que notre détermination envoie un message à nos proches inquiets, ou à ces barbares sanguinaires. Nous ne lâcherons rien.
Au sein de ces murs, et de cet amphithéâtre, nous nous formons à être les moteurs d’une société qui se veut enfin du bien, et j’espère que cet établissement verra arriver à l’avenir nombre d’étudiants animés de la même lueur que nous.
Quand la haine et la violence s’armeront de couteaux et de fusils, nous nous armerons de courage et de sagesse. Il nous faudra la dépasser, cette peur qui peut nous saisir, mais nous ferons en sorte d’être là. Faire de ce monde un lieu de paix et de justice prendra du temps, mais en pensant à vous, M. Paty, à vos collègues, à vos élèves, à nos élèves, à nos familles, et à ceux qui viendront après, c’est en pensant à eux tous que nous ferons en sorte d’être là.

Vous nous avez montré que l’éducation est un outil puissant pour combattre l’ignorance et la haine. En honorant votre mémoire, nous affirmons notre volonté de ne jamais céder face à l’obscurantisme. Nous devons nous engager à bâtir un avenir où chaque élève se sent en sécurité, respecté et capable de s'exprimer.
En vous honorant, Samuel Paty, nous faisons le choix de la lumière sur l'obscurité, de l'écoute sur le silence, et de l'amour sur la haine. Que notre solidarité soit la réponse à ceux qui veulent diviser, et que son exemple nous guide dans notre quête d'un avenir meilleur.[/textblock]

Nous terminerons par ces mots, brillants de justesse, traduits d’une chanson de U2 qui était si chère à M. Samuel Paty.


Dans la lumière,
Nous ne faisons qu’un,
Mais nous sommes tous différents,
Nous devons nous soutenir,
Nous soutenir.

Ce lieu est pour nous symbolique. Il représente le premier lieu de rencontre et d’échange entre nous, étudiants en Master MEEF. Il symbolise l’union et la coordination entre de futurs enseignants, et plus généralement des membres de l’Education Nationale. Dans cet amphithéâtre, toutes les disciplines, enseignants et CPE, se réunissent pour recevoir des cours en commun, nous préparant à notre mission commune : transmettre aux élèves. Parmi ces transmissions, on retrouve la laïcité, pour laquelle Samuel Paty a tout donné. Nous sommes donc honorés aujourd’hui de renommer cet espace en son nom : l'amphithéâtre Samuel Paty.

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